On parle bien de blé et non de malt de blé. Quelle différence ?
Le malt est le résultat de la transformation d’une céréale, en général de l’orge. On fait germer la graine par trempage puis on procède à un séchage dont l’intensité va avoir un impact sur la couleur et le goût de la bière, d’un malt clair à un malt torréfié pour des bières brunes et noires, en passant par des malts caramélisés. Orge et blé sont utilisés par les brasseurs depuis toujours. L’orge est devenu la céréale du brasseur pour diverses raisons : le blé était prioritaire pour l’alimentation humaine pendant les périodes de famine. Aussi, son fort contenu en protéine notamment en gluten le rend très apte à la formation de pain mais complique le brassage de bière : quand on fait de la bière avec du blé exclusivement, le moût a tendance à colmater : on finit avec un porridge géant, alors qu’on voudrait avoir un jus de céréales prêt à fermenter ! Les bières brassées à base de blé sont celles qu’on appelle communément « blanches », avec souvent un trouble naturel venant justement de ces protéines de blé.
Le fait de transformer la céréale en malt avant de l’utiliser pour le brassage permet de libérer des enzymes qui vont permettre une bonne conversion de l’amidon en sucre et permettre la bonne fermentation. Dans notre cas, le fait d’utiliser des céréales non maltées ne vient pas d’une volonté mais d’une contrainte : le maltage nécessite, pour être fait avec constance, des volumes de production qui dépassent nos capacités à aujourd’hui. Pour faire malter ces céréales très spécifiques, un grand malteur exigerait un semi remorque de grain alors que nous en utiliserons moins de 100kg par brassin !
Même pour un malteur artisanal notre quantité de départ resterait faible, et comme il n’y a pas encore, à notre connaissance de micro malteur près de chez nous, on devrait faire un aller retour à notre grain vers une micro-malterie : arbitrage compliqué ! Nous préférons donc utiliser du blé non malté, même si cela réduit la proportion que nous pouvons utiliser. 10% pour cette bière blanche : c’est un début !
Je me souviens que dès 2014 on se renseignait sur les possibilités de malter nos propres céréales locales.