On a fait notre bilan carbone

On vient de réaliser notre premier bilan carbone, scope 3, avec l’aide de l’ADEME et de la BPI.

 L’objectif était d’affiner notre compréhension de nos émissions, pour nous assurer que nous mettons les efforts au bon endroit pour notre trajectoire carbone. L’exercice, intéressant, a forcément ses limites et s’avère parfois frustrant. Mais comme pour le sujet du bio, il nous semble plus constructif de faire, pour chercher à faire mieux ensuite, plutôt que d’utiliser l’argument de l’imperfection des labels ou des mesures pour ne rien faire du tout !

En 2021, on a généré 545 tonnes d’équivalent CO2. Cela correspond à environ 1kg d’équivalent CO2 pour litre de bière brassée, avec une grosse différence entre bouteilles et pression : 1litre de bière bouteille génère 1.6kg quand 1 litre de bière en fût génère 0.6kg.

Le verre est notre premier poste de génération de CO2 et représente 42% du total de nos émissions ! C’était une vraie surprise du bilan carbone, sachant que le verre que nous utilisons est déjà essentiellement issu de verre recyclé (70%). Cela ne fait que renforcer notre enthousiasme dans le réemploi de bouteilles, et cela ne nous incite pas à passer à la canette alu. (article à venir sur le sujet !)

Les immobilisations, à la fois le bâtiment que nous louons et les machines que nous utilisons, représente environ 25% de nos émissions. Nous n’avons à court terme pas beaucoup de levier d’action sur ce poste. En valeur il devrait rester stable, et baisser en % à mesure que nous augmentons notre production et que nous remplissons davantage notre brasserie.

Les matières premières représentent 11% de nos émissions, et l’orge de brasserie représente près de 80% de ce total.

Le fret ne représente que 6% de nos émissions. Ce chiffre peut sembler faible, mais reflète notre approche fondamentalement locale de la distribution : plus de 90% de nos livraisons sont réalisées à moins de 30km de la brasserie. En travaillant avec des distributeurs pour les autres régions, nous arrivons à maintenir une faible empreinte carbone pour nos livraisons. L’investissement dans des véhicules de livraison électriques est une question depuis plusieurs années, le surcoût très important (le prix est quasiment le double d’un utilitaire diesel) nous faisait hésiter. A court terme, et vu notre faible kilométrage lié à la proximité de nos clients, il nous semble préférable d’avoir recours à des véhicules diesel d’occasion plutôt que de contribuer à la hausse à court terme des émissions en investissant dans des utilitaires électriques neufs. Nous avons en effet constaté que dans notre cas, l’investissement dans des véhicules électriques pouvait mettre 10 ans à s’amortir : la construction d’un nouveau véhicule génère 5 tonnes de CO2, et nous n’économiserions « que » 0.5 tonne par an avec un véhicule électrique. Ce n’est pas une solution idéale, mais la solution qui nous semble la plus intelligente dans la démarche de sobriété sur laquelle on veut se concentrer. La tentation est grande de consommer et générer des émissions à court terme pour se rassurer à moyen terme ou faire des effets d’annonce : ce n’est pas notre approche.

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Concrètement, qu’est ce qu’on fait ?

  1. On accélère sur le thème du réemploi ! On a commencé en 2021 à faire du réemploi de bouteilles : on récupère des bouteilles vides chez nos clients, on les fait laver pour les réutiliser. Cela peut réduire jusqu’à 80% les émissions de GES ! On prévoit de réutiliser 40,000 bouteilles en 2022 et 80,000 en 2023. Cela représente moins de 5% de nos bouteilles, mais c’est un début et cela pourra être amplifié quand davantage de solutions de collecte existeront
  2. On poursuit notre approche de relocalisation maximale de nos approvisionnements, 100% bio : le bilan carbone ne prend pas en compte les bénéfices de l’orge et du houblon bio que nous utilisons par rapport à des variétés conventionnelles. Nous mettons en place à compter de 2022 une filière de malt bio ultralocale (moins de 50km entre les champs et la brasserie) parce que l’aide à la transition agro-écologique est au cœur de notre mission, qu’on arrive à en calculer le bénéfice carbone ou non
  3. On a déjà rapatrié nos approvisionnements en verre d’Allemagne en 2021 vers la France en 2022, ce qui permettra d’économiser 8 tonnes d’équivalent CO2 (2% de notre total) et on va continuer à promouvoir la bière en pression dans les lieux justifiant d’un débit suffisant.
  4. Un moment important sera le jour où on déménagera vers un nouveau site de production et où on pourra mettre en œuvre une approche plus complète : empreinte carbone du bâtiment choisi, des machines, captation du CO2 généré par la fermentation, intégration des caisses de réemploi dans nos lignes de conditionnement.
Thomas Deck
Publié le