Il y a quelques siècles, le goût de la bière était fondamentalement acide et fumé. C’est ce profil particulier qu’on a cherché à recréer dans Ombre et Lumière.
Acide, parce que le détail du processus de fermentation restait assez méconnu: on n’a compris la présence et le rôle exact de la levure qu’au XIXe siècle, grâce à l’invention du microscope, à la capacité d’isoler une seule souche de levure, puis aux travaux de Louis Pasteur. Avant cela, la bière fermentait à partir d’une sorte de levain: on récupérait les levures d’une fermentation précédente et on réensemençait le nouveau brassin avec. A l’intérieur de ces levains, différentes levures et bactéries, qui créaient des fermentations alcooliques, mais aussi lactiques et et acétiques, qui peuvent donner des acidités prononçées.
Fumé, parce que la technique historique de séchage du malt était la fumaison. Aujourd’hui, le séchage des grains d’orge pendant le maltage est fait en soufflerie d’air chaud, mais il y a quelques siècles, c’était systématiquement dans des fumoirs que le maltage se terminait. Toutes les bières étaient donc délicieusement, et assez fortement, fumées.