2019 pour Deck & Donohue

L’année 2019 a été bien remplie pour nous, avec de nombreux changements. Une année de questionnement et de clarification, mais aussi d’avancées et d’accomplissements !

Nous avons définitivement fermé l’atelier de Montreuil où l’aventure a commencé : nous y brassions de moins en moins depuis l’installation fin 2016 dans notre nouvelle brasserie à Bonneuil (94) et cela n’avait pas beaucoup de sens d’avoir une « vitrine » montreuilloise un peu vide.

L’équipe a beaucoup évolué au cours de l’année avec 5 départs et 3 arrivées : elle est aujourd’hui plus resserrée mais aussi plus soudée autour d’une mission et de valeurs pleinement partagées. Les premières années d’une microbrasserie, ou peut être de toute entreprise, tout le monde est toujours un peu débordé et on peut avoir tendance à négliger son équipe. Nous avons cherché à remédier à cela au cours de l’année, et sommes convaincus que l’équipe doit être au centre de la démarche pour que notre projet ait un sens à long terme.

Notre gamme permanente a évolué également. Nous avons pérennisé notre Pilsner D : plutôt que de cultiver la surenchère de houblons, d’alcool ou d’artifices, nous préférons nous concentrer sur ces styles de bière simples en apparence mais qui demandent davantage d’efforts et de précision pour être abouties. Nous sommes convaincus que les artisans brasseurs engagés doivent se réapproprier ces styles qui durent, plutôt que d’accumuler des bières éphémères à un rythme que personne n’arrive à suivre. Nous avons arrêté de brasser Ricochet, notre ambrée houblonnée qui était devenue moins essentielle avec le temps et à mesure que les gens se familiarisent avec les IPA.

 

Nous avons poursuivi notre engagement en termes de fraîcheur au service de l’équilibre aromatique de nos bières : depuis nos débuts nous militons pour des DLUO courtes pour que les bières houblonnées gardent leur éclat ; nous restons fidèles à nos 6 mois de DLUO, organisons un panel de dégustation toutes les deux semaines pour suivre le vieillissement de nos bières et avons investi courant 2019 dans une chambre tempérée qui permet une meilleure conservation de nos bières pendant la saison chaude. 

Cette chambre tempérée (à moins de 15 degrés) nous permet également de commencer à livrer d’autres produits en parallèle de nos bières : nous avions déjà commencé avec les cidres Des Bouteilles à l’Amère et les gins Audemus Spirits. Depuis quelques semaines nous assurons également des livraisons pour les vins de La Mariota dans le Roussillon, le Domaine Chapel dans le Beaujolais et Le Grappin en Bourgogne. C’est une manière de faire profiter clients et producteurs de nos efforts logistiques, mais aussi un prolongement de notre curiosité et de notre passion pour l’univers du goût et des produits bien faits en général !

Nous avons décidé de formaliser nos engagements environnementaux, engagés dès 2014 : nos bières ont toujours utilisé au moins 80% de malt bio, mais sont désormais certifiées bio depuis mai, et notre brasserie fonctionne entièrement à l’énergie renouvelable (ou avec compensation de notre impact carbone) depuis août. Nous avons également renforcé nos liens avec la ferme des Monts Gardés qui réutilise nos drèches, en créant « une saison aux Monts Gardés », une série de bières vieillies en barriques dans lesquelles nous avons macéré des fruits, correspondant pour chaque barrique à une certaine période de l’été : cassis et groseilles début juillet, prunes deux semaines plus tard, puis baies de sureau en août, pour finir avec des mûres. Quand certains producteurs classiques de kriek en Belgique font venir leurs cerises de Pologne, il nous a semblé intéressant d’aller cueillir ces fruits nous-mêmes : il est si facile aujourd’hui de « vendre » de la tradition tout en cherchant des raccourcis, que des démarches laborieuses, parfois jusqu’à l’absurde, peuvent nous aider à réfléchir davantage à la manière dont nous produisons ce que nous mangeons et buvons.

 

Pour 2020, nous voulons prolonger ces engagements en travaillant sur l’impact environnemental de nos livraisons, le rapprochement géographique de nos approvisionnements en houblons et l’augmentation de la part des houblons certifiés bio, la réduction du recours à des fûts jetables, notre utilisation d’eau et le traitement de nos eaux usées : des chantiers lourds et compliqués, pas très glamour, mais qui doivent être pris à bras le corps par les brasseurs, pour que « local et artisanal » ait un sens.

Nous avons aussi fait évoluer la distribution de nos bières au cours de l’année. Après 5 années de distribution en direct, nous avons commencé à travailler avec les établissements Milliet pour livrer un certain nombre de cafés, bars et restaurants à Paris, en plus de nos livreurs Anatolie et Fred. Il était important pour nous de trouver un distributeur soucieux de la qualité des produits, pas juste en recherche d’une bière « parisienne ». Plus récemment, nous avons également fait une première livraison à l’enseigne Monoprix, qui va proposer Trouble #6 et Indigo IPA dans l’ensemble de ces magasins, et Mission et Monk dans certains. Un grand changement pour nous et nos clients, auquel nous avons beaucoup réfléchi. Nous pensons que cela a du sens que nos bières soient plus facilement accessibles à davantage de gens. Nous continuons à croire au rôle central des épiciers et des cavistes pour faire découvrir et partager la passion des produits et nous voulons continuer à leur proposer notre gamme permanente et de belles bières spéciales ! Contrairement à un vigneron qui ne peut augmenter significativement la production d’une cuvée sans devoir accepter une évolution du terroir sous-jacent, le brasseur peut grandir avec constance sans renoncement : la bière n’est pas dans sa très grande majorité un produit de terroir, et le brasseur peut produire la même recette sans renoncer à une typicité, tant qu’il ne fait pas de concessions sur le processus de brassage ou sur la qualité des ingrédients utilisés.

L’année 2019 a également été riche en événements, certains récurrents comme notre croisière sur le canal de l’Ourcq qui en est à sa 5e édition, le festival Jazz sur Seine, ou notre participation aux nocturnes de la Fondation Vuitton grâce à la Cantine du Marché ; d’autres nouveaux : Le Motel Deck & Donohue pendant 2 semaines en février, ou notre participation au Pitchfork Festival, grâce à Super ! et au Motel également. Ces projets ont beaucoup de sens pour nous car nous souhaitons nous inscrire dans des événements culturels larges, non restreints à la dégustation ou la consommation de nos bières.

 

 

Le paysage de la bière artisanale a lui aussi beaucoup évolué au cours de l’année. Une marque de bière devenue microbrasserie a été rachetée par Heineken, et d’autres vont sûrement suivre en 2020. Contrairement à des rumeurs qu’on nous a rapportées pour la première fois en juillet et qui continuent malheureusement à rôder, nous ne sommes absolument pas dans cette démarche et sommes fermement attachés à l’indépendance de notre brasserie. Nous sommes tristes que des personnes que nous connaissons de longue date aient pu croire voire propager ces rumeurs, qui vont à l’encontre de tout ce en quoi nous croyons et de ce pourquoi nous travaillons depuis 2014. On l’affirme haut et fort : Deck & Donohue est et restera indépendant ! Ceux qui affirment que se vendre à des industriels est la seule manière de grandir sont cyniques ou mal informés, et nous entendons bien prouver qu’on peut grandir avec conscience, fierté et sans renoncement.

Nous vous remercions pour votre fidélité au cours des années écoulées et nous avons hâte de vous présenter de nouvelles bières et de nouveaux projets en 2020 !

Thomas Deck
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